Le don de l’Esprit offert au Bélier
A celui dont le comportement est dominé par le type Bélier, l’Esprit offrira le don propre à combler la lacune créée par la répétition constante des activités de ce type.
A ce type d’homme et à tous ceux qui sentent surgir en eux l’impétuosité et le pouvoir de susciter l’action. L’Esprit a un don à offrir, l’ADAPTABILITÉ.
Don essentiel car, pour mener à bien toute nouvelle entreprise, il faut prendre en considération les circonstances du moment, de l’endroit. Cette entreprise doit avant tout s’adapter au but qui motive l’action initiale et indique la procédure à suivre.
Sans ce pouvoir d’adaptation, il ne peut y avoir plénitude d’existence, pas plus que résultats spirituels puisque ces derniers impliquent un accomplissement en réponse à un besoin vital. Or nul besoin ne peut être comblé par un comportement inadapté qui l’a engendré. L’animal ou la plante inadapté à son environnement est voué à une disparition rapide. De même, lorsqu’un individu s’avère incapable de s’ajuster aux conditions sociales de son milieu, soit en s’y adaptant de plein gré, soit en adoptant résolument une attitude justifiable de contestation et de rébellion, il subira tôt ou tard un effondrement physique, psychologique ou moral. Au sein d’une société fortement structurée ou imprégnée d’un idéal chrétien et humanitaire, les risques d’effondrement total de la personnalité sont relativement rares; mais lorsqu’il s’agit d’espèces animales ou végétales; l’adaptation est une question de vie ou de mort.
Dans son ensemble, l’humanité se comporte comme n’importe quelle espèce terrestre; elle se protège par des mécanismes de compensation très complexes. Par exemple, lorsque le taux de natalité est particulièrement élevé, il n’est pas rare de voir éclater guerres ou épidémies ou prôner le contrôle des naissances; mais, lorsque le taux de natalité décline, les découvertes médicales et les règles d’hygiène visent à éliminer la mortalité infantile et à prolonger la vie humaine. La plupart des bébés qui naissent après les guerres sont des mâles. Lorsque les risques d’accidents augmentent ou des guerres sauvages mutilent des êtres par millions, la chirurgie fait des progrès étonnants. Ainsi, connaissance et conscience se développent d’une manière typiquement humaine: à travers le désordre et la souffrance.
C’est ce qu’on a appelé la civilisation. Ne survit que celui qui a su d’adapter aux pressions, tensions et dangers extérieurs, ou celui qui est apte à produire une «semence», en tant que pionnier, capable d’enrichir la société ou de transformer le monde; il répond ainsi, et souvent sans en être conscient, au désir profond de sa race, de sa culture et, par extension, de l’humanité tout entière. Dans ce cas-là, l’individu agit en tant qu’instrument de l’Esprit; il survit comme individu, même au prix de sévères tribulations, c’est que sa personnalité est un véhicule nécessaire à l’Esprit pour répondre aux besoins de l’humanité. Et si «Dieu» le protège, c’est qu’il l’utilise comme transformateur, comme «projecteur» de nouvelles Images et de nouvelles impulsions sociales.
Ce genre d’individu peut parfois oser prendre de grands risques car il est sûr que tout ce qui, en lui, a de la valeur pour l’Esprit, sera protégé.
En fait, parce qu’il s’identifie à sa «semence» spirituelle – son pouvoir de féconder l’humanité pour une nouvelle naissance de l’Esprit – il survivra et même de façon tragique s’il le faut. C’est là, il est vrai, un cas relativement rare; mais là aussi on peut parler d’une certaine forme d’adaptation, car le génie ou le leader doivent s’adapter à leur façon aux exigences de leur «destinée» et de leur public.
Etant donné que le type Bélier cherche avant tout à traduire en actes, souvent spontanés, des impulsions instinctuelles ou des idées spirituelles, il est en général inadapté, au sens usuel du terme. Il existe avant tout dans ce qu’il projette hors de lui. Peu préoccupé de retenir pour lui une partie de l’énergie biologique ou spirituelle qu’il a libérée, il ne s’intéresse pas davantage au résultat final de cette libération. Il s’identifie à l’acte créateur: il vit dans l’acte même plutôt que dans et pour les fruits de son action. S’il paraît égoïste, ce n’est pas qu’il veuille accumuler des avantages pour un Moi dont l’existence lui paraît souvent incertaine; il n’exige pas non plus d’être récompensé par ceux qu’il contacte.
L’important, pour lui, c’est plutôt de pouvoir agir, pour le seul plaisir de libérer quelque semence, qu’elle soit temporelle ou spirituelle. Il peut même atteindre les limites de cet égoïsme apparent, rien que pour pouvoir obtenir, conserver ou élargir cette capacité d’agir et de féconder. Mais il le fera seulement en tant que source d’où jaillit une force qu’il est incapable de maîtriser et que, bien souvent, il se soucie fort peut de comprendre.
Voilà pourquoi il a une réaction typique au problème d’adaptation: aussi longtemps qu’il remplit son rôle en libérant inconsciemment la force de la semence biologique ou spirituelle, c’est à la «Vie» ou à «Dieu» de s’occuper du reste, donc de le protéger. Cette coopération avec l’Esprit est la plupart du temps efficace; mais elle engendre bien des déchets regrettables et des souffrances que le type Bélier aurait pu éviter. Aussi longtemps qu’il opère au niveau biologique ou totalement inconscient, cela ne tire pas beaucoup à conséquence étant donné la prodigalité de la nature physique. Mais, au niveau conscient et individualisé de la personnalité, le besoin d’adaptation revêt une importance extrême, car les individus conscients, capables de projeter de nouvelles Images spirituelles, sont encore trop rares pour se dépenser à tort et à travers. Ils doivent donc apprendre à s’adapter, afin de protéger leur semence spirituelle et à trouver pour leur élan créateur une voie d’expression socialement acceptable ou des formes d’activité présentant un minimum de friction et de gaspillage d’énergie.
Cependant, ce type d’adaptation sociale ne doit pas risquer de dévier, de ternir ou de souiller le courant d’énergie libérée. Il ne doit ni altérer la qualité des Images projetées ni obscurcir la vision qu’elles transmettent. Ainsi, lorsqu’il est vraiment créateur, ce type Bélier se voit constamment obligé de choisir le genre d’adaptation le moins dissipateur d’énergie et le moins nuisible pour lui, tout en rejetant tout comportement qui impliquerait un compromis ou une adultération de sa semence.
Quel choix difficile ! Etre adaptable tout en préservant la pureté et l’intégrité de sa vision et de son idéal; accepter les détours sans jamais perdre de vue la direction du but; se faire comprendre et se faire accepter de ceux qui attendent d’éveil spirituel sans jamais dénaturer ni affadir la teneur du message; se servir des valeurs du passé sans jamais sacrifier l’avenir à un présent incertain ; faire preuve de bienveillance dans toute relation personnelle mais sans jamais trahir l’Esprit; voilà les problèmes qui se posent constamment sous une forme ou une autre, à ceux dont les actes de renouvellement spirituel portent la signature Bélier.
Par tempérament, ce genre d’individu serait plutôt enclin à foncer droit devant lui, sans se soucier du prix ou du résultat. Mais l’Esprit en lui, le presse d’accepter un don qu’il aurait tort de refuser: le don d’adaptation. Tôt ou tard, il lui faudra réaliser que, pour être conforme à la loi de l’Esprit, son activité doit être dictée par la compassion plutôt que par simple plaisir d’exprimer son élan créateur. Il doit apprendre à agir, non seulement en fonction d’une source spirituelle qu’il perçoit vaguement, mais comme l’Esprit, donc toujours en réponse à un besoin défini et cette réponse doit évidemment attacher une très grande importance au résultat de l’action. Non seulement elle doit avoir un caractère de nécessité inhérente, mais elle doit aussi tenir compte des conditions nécessaires au résultat voulu. La véritable compassion demande que l’on s’adapte aux conditions dictées par l’environnement en lui donnant ce dont elle a besoin, avec toute la richesse de son être. Elle demande que nous apprenions à vivre avec ceux qui désirent être stimulés, dirigés ou fécondés; et cela suppose avant tout l’acceptation de leurs problèmes et de leurs frustrations, même si elles dressent des barrières qui cherchent à dévier notre action transformatrice.
Mais il ne suffit pas de prendre soigneusement en considération le résultat de ses actes en fonction des réactions probables de ceux qui les motivent. La faculté d’adaptation ne s’appliquent pas qu’aux bénéficiaires de l’énergie créatrice ou de la vision spirituelle; elle concerne également la relation entre le dispensateur et la source de cette énergie (la Vie ou L’Esprit). Autrement dit, quiconque agit à la manière Bélier ne doit pas prendre pour acquis que la Vie ou l’Esprit, sera toujours là pour l’aider à satisfaire son goût de l’action et son besoin de créer. Au contraire, il devrait étudier la nature de la Vie ou de l’Esprit sous tous ses aspects, ainsi que les lois de leur fonctionnement.
Tel l’intendant fidèle, il veillera à gérer prudemment cette énergie vitale et ce pouvoir spirituel qui lui ont été confiés. Il doit pouvoir répondre de sa semence et savoir l’utiliser avec discernement, selon son caractère cyclique du moment. La vie et l’Esprit fonctionnement de façon rythmique; le rythme est le premier attribut de la Puissance créatrice universelle.
Le type impulsif et innovateur Bélier a beaucoup à apprendre pour ce qui est d’agir de façon juste et au bon moment. Il a tendance à agir par à-coups, de manière tendue, incontrôlée, ou à gaspiller son énergie en longues périodes d’activités, sans tenir compte des temps d’arrêts nécessaires à la récupération cyclique.
Celui qui agit à la manière Bélier doit apprendre à adapter sa soif d’agir au rythme naturel des cycles biologiques et spirituels, ainsi qu’à la nature du besoin humain que cet élan cherche à satisfaire. Il ne doit pas seulement agir, mais aussi remplir le rôle qui est sien de par sa destinée, en réglant son jeu sur ce lui des autres acteurs.
Ce doit être un jeu «organique», au nom de la troupe toute entière, et non pas un solo exécuté à contretemps, pour le simple plaisir de libérer l’énergie contenue dans une seule partie, fonction ou organe du tout que forme la troupe.
L’individu entièrement consacré à l’Esprit agit comme l’Esprit vis-à-vis des besoins humains. Se tournant vers l’humanité ou vers ceux qu’il a privilège de servir, l’homme d’action dira: «Puissent vos besoins être comblés». S’inclinant avec révérence et gratitude devant la source de tout pouvoir créateur, il ajoutera: «Ton rythme sera le mien».
En accomplissant ainsi les actes de l’Esprit, selon le plan dynamique de la vie, il connaîtra l’harmonie et la plénitude de son être. Il les connaîtra.
Cycle après cycle, comme le lien qui unit Dieu et l’Homme dans l’acte créateur. Il les connaîtra comme l’éclair connaît la terre, comme le vent prend conscience de la mer, comme la lumière fait l’expérience des mondes qu’elle fait naître de l’espace.
Dane Rudhyar – Tryptique astrologique – Editions du Rocher