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Le don de l’Esprit offert au Taureau

Dans l’Inde antique s’est maintenue pendant des siècles une organisation sociale solide et remarquable à bien des points de vue, dominée par le pouvoir des Brahmanes. Le législateur mythique Manou avait institué un plan social basé sur l’existence des différences essentielles entre les niveaux auxquels opère généralement la nature humaine – différences aussi entre certaines phases caractéristiques du développement d’un être humain. Suivant les principes qu’avaient codifiés les lois de Manou, chacun devait remplir les tâches qui lui sont théoriquement les plus naturelles, c’est-à-dire qui conviennent le mieux à son état physiologique et à ses tendances psychologiques.

Si toutefois les membres d’une société régie par un tel idéal d’activité «naturelle» se laissent diriger par les désirs égoïstes qui caractérisent la plupart des êtres humains – surtout les intellectuels qui refusent souvent de suivre les rythmes de la nature –, il est évident que le résultat final est une tendance à l’anarchie et au chaos. Un individu ingénieux a trop souvent la capacité de forcer ses compagnons moins intelligents à accomplir à sa place des tâches auxquelles il s’estime supérieur, tout simplement parce qu’il veut  s’y soustraire.

 De plus il y a, dans tout organisme vivant, la tendance à répéter indéfiniment une activité agréable (et même douloureuse) plutôt que de s’aventurer dans des modes d’action inconnus. Il fallait donc que le législateur hindou établisse des normes de comportement dites naturelles. Ces normes étaient variées; elles étaient basées sur la naissance dans une race et un milieu social donné ou bien sur le développement évident de caractéristiques spécifiques, biologiques ou psychologiques.

Les quatre castes de l’Inde, qui n’existent plus que sous des formes plus ou moins dégénérées, représentaient jadis, en principe du moins, des normes de comportement qui correspondaient à des catégories naturelles de tempéraments et à des stades définis de l’évolution social totalement planifié auquel tout était soumis.

La vie d’un homme était aussi divisée en quatre périodes plus ou moins déterminées par l’âge. Chaque période avait un type général de devoir et de fonction qui représentait une classe fondamentale de relation entre l’individu et la société. Pendant sa jeunesse, la personne apprenait de ses aînés ce qu’avait produit le passé de la société et elle l’assimilait. Aux environs de sa vingtième année, elle commençait à contribuer à la substance de la vie commune en offrant à la société des enfants et les produits de son travail quotidien, comme cultivateur, commerçant, enseignant ou de toute autre manière. A la maturité et après l’accession de se enfants à l’indépendance, la personne bien née commençait à participer à la direction des affaires publiques en agissant au service de la communauté tout entière plutôt que de sa propre famille.

Enfin, en vieillissant, elle devait se tourner vers le changement radical qui l’attendait, la mort. Elle apprenait à se préparer consciemment à cette mort et aux possibilités qu’elle offrait, en se détachant résolument de tout ce qui la liait à l’existence physique et personnelle.

Pendant cette dernière étape, le vieillard allait parfois vivre à l’ombre d’un arbre, dans la forêt qui entourait son village ou sa ville; là il poursuivait de longues méditations sur l’existence et la réalité d’états de conscience transcendant les pensées ordinaires limitées par le corps physique. Grâce aux transformations de son état physiologique et glandulaire autant que de ses pensées et sentiments, ses méditations pouvaient le conduire tout «naturellement» à un état de conscience où tout ce qui lui avait paru si important et si attachant, au cours d’une existence biologique et sociale alors terminée, prenant sans doute un sens différent. Ce qui, pour les jeunes absorbés dans des activités multiples, était se souffle vital devenait pour le sage «l’Esprit»; d’ailleurs, dans de nombreuses cultures, on utilisait le même mot pour désigner le souffle et l’Esprit par exemple, (atman en sanskrit et pneuma en grec). Ce qu’il avait, pendant la jeunesse, connu sous forme de puissance sexuelle était maintenant conçu comme l’un des aspects objectifs d’un Pouvoir universel d’expansion et de création, Brahma.

Les expériences des années maintenant écoulées apparaissaient alors sous une lumière inusitée qui leur conférait une réalité nouvelle, transcendante et idéale.

Peu à peu apparut aux Indes un type d’homme âgé qui, en poursuivant ses méditations sur la mort et la libération consécutive de l’Esprit, développa, envers l’existence humaine, une attitude intellectuelle qui devint au cours des siècles un élément essentiel dans de nombreux systèmes philosophiques.

 Les enseignements de ces «Forest philosophers» (philosophes des forêts) à leurs disciples formèrent ce qu’on appelle généralement les Upanishads. Ces brefs discours ont constitué, pendant de longs siècles, la source principale d’où jaillit l’inspiration qui prit forme dans l’idéalisme transcendant de maintes religions; on peut y rattacher l’épanouissement ultime d’un mysticisme chrétien. Entre-temps, l’enseignement de Gautama le Bouddha, au VIe siècle avant Jésus-Christ, donna à cette attitude de transcendance une forme spéciale et encore plus absolue, au moins en un sens. L’élément essentiel de toute philosophie réellement transcendante est non seulement le concept, mais aussi la pratique du «DÉTACHEMENT».

Nous devrions nous rendre compte que, par rapport à l’évolution de la mentalité générale des populations des Indes à cette époque-là, la société régie par le système des castes qu’avait établi Manou était une société aussi parfaitement planifiée que possible. Non seulement chaque activité sociale était réglée, mais elle avait aussi un caractère rituel; des formalités et ses sanctions religieuses ou occultes y étaient attachées. Ce qui était «naturel» pouvait tout aussi bien être une exigence imposée par une autorité divine. En principe tout était exactement tel que cela devait être, en accord avec le rythme de la nature humaine et terrestre; mais cet accord attachait la conscience à ces rythmes de façon totale et inéluctable.

 Lorsque, pendant la vieillesse, un individu parvenait à réaliser en lui un état de détachement et cette libération qui était le grand idéal de la culture des Indes, cela même était conforme au plan divin.

Toutefois, en organisant un système de vie dont l’épanouissement suprême consistait à se détacher de tout schéma d’organisation, la société hindoue avait déjà engendré des forces qui ne pouvaient que conduire à sa dissolution dans l’avenir. Tandis que les sages de l’époque des Upanishads avaient montré, dans leur enseignement personnel, des techniques de libération réservées à quelques individus déterminés (comme le concevait le plan social), le Bouddha alla bien plus loin. Il annonça la possibilité pour tout être humain, quel qu’il soit, de se délivrer de tout attachement à ce qu’exigeaient la nature ou les lois de Manou. Il enseigna une méthode positive et consciemment déterminée de détachement qui ouvrait la voie à un individualisme pratique et quotidien. Tout être humain, quel que soient sa naissance, son état social et son sexe, pouvait mettre cette méthode en pratique, n’importe où et n’importe quand, les résultats de cet enseignement ne pouvaient qu’être révolutionnaires; ils furent énormes. Ils changèrent le cours du développement  de la mentalité collective de vastes populations. Ils servirent de base à la fois au personnalisme qui émergea du christianisme et au grand idéal chrétien d’amour universel.

Gautama le Bouddha naquit à la pleine lune de mai; pour la tradition, il atteignit un état d’illumination totale et mourut longtemps après, également au moment d’une pleine lune de mai. Que l’on considère cette corrélation comme un fait ou comme un symbole, elle n’en est pas moins très important pour quelqu’un qui étudie le symbolisme du Zodiaque. Elle confère au signe du Taureau un sens profond très accentué; en effet, le Taureau représente essentiellement une subordination incontestée aux rythmes fondamentaux de la vie et de la nature humaine. C’est donc un symbole caractéristique de l’attachement, même s’il n’est pas nécessaire d’interpréter ce mot dans un sens négatif et en termes de servitude et de contrainte. Il implique toutefois une identification profonde aux énergies de la nature humaine et, en général, aux processus évolutifs qui œuvrent normalement dans l’inconscient, vers un but que la vie promet à l’humanité parce que Dieu l’a déterminé.

Historiquement et par rapport au cycle de procession des équinoxes, les troisième et quatrième millénaires avant Jésus-Christ se sont déroulés sous l’égide du Taureau. Ce fut l’époque dite «vitaliste» pendant laquelle fleurirent les cultes de la fécondité. On déifia la fécondité de la nature; or le type Taureau est en résonance totale avec les rythmes de la nature; or le type Taureau est en résonance totale avec les rythmes fécondants de la vie naturelle. A cette époque-là, tout était basé sur l’agriculture et l’élevage, et seul un attachement profond aux marées puissantes de la vie semblait pouvoir mener à une croissance sûre et saine. Toutefois, pendant le deuxième millénaire avant Jésus-Christ, un idéal de détachement s’efforça de remplacer peu à peu celui de l’attachement à la nature: l’Ere du Taureau se terminait. L’orientation nouvelle trouva enfin une formulation définitive et publique grâce au Bouddha. Il enseigna pendant de longues années une philosophie et une méthode d’action intérieure qui promettait la délivrance par rapport à la souffrance et à la mort, impitoyablement associée à tout ce qui est vie, nature et désir personnel. Délivrance aussi de tout asservissement à un état social rigoureusement planifié, aux institutions religieuses et à leurs rites incessants.

L’idéal traditionnel de détachement était fondé sur le fait qu’il arrive inévitablement un moment où nous sommes obligés de nous séparer de nos possessions et de tout ce qui nous rend heureux. Il semble intelligent d’apprendre peu à peu, à nous détacher de bonne grâce de ce que nous allons avoir à quitter. Toutefois ce mode de détachement a un caractère de passivité; or le Bouddha voulait lui substituer un détachement positif d’une valeur plus profonde et plus philosophique. Cette nouvelle forme de détachement pouvait être réalisée par tout individu capable d’arriver à comprendre objectivement et rationnellement ce qu’impliquait inévitablement l’état de personnalité et la nature de toute existence. Cette compréhension demandait pourtant une attention totale et soutenue, l’analyse vraiment scientifique de toutes nos actions et de la succession causes-effets – succession cyclique qui opère en tout lieu et à tout moment; elle exigeait le contrôle effectif de tous nos désirs.

Ce contrôle de ne devait pas être obtenu essentiellement par des méthodes répressives, sur la base d’un vouloir tendu et rigide. Il demandait plutôt la concentration d’une intelligence claire sur les processus de formation, de croissance et d’inévitable disparition des désirs, impulsions et émotions qui, si notre ego et son imagerie mentale leur apportent un soutien inconditionnel, nous enlisent dans les sables mouvants des dualités sans issue joie-peine, plaisir-douleur.

Tout attachement aux objets de désir que la vie attise termine par la souffrance; la vie elle-même prend fin à la mort. Pourquoi donc ne pas délaisser volontairement et résolument, dès le début, ce que nous aurons à abandonner tôt ou tard dans la souffrance et l’anxiété? Détruire au départ la semence future de souffrance en brûlant les mauvaises herbes de nos désirs dans les flammes intellectuelles d’une concentration qui irradie notre intelligence: voilà la véritable sagesse. C’est suivre le Noble Sentier, arya dharma, qui peut mener tout être humain à la délivrance.

Tout être humain et pas seulement les brahmanes ou le Initiés aux rites des grands Mystères. Devant les vérités profondes enseignées par le Bouddha, aucune caste ne peut exister. Le secret du détachement qui libère peut être percé à tout âge.

Le détachement est un glaive qui tranche les rapports périmés; seules peuvent le manier les âmes nobles et les volontés fermes. Mais elles peuvent être l’apanage d’un barbier de caste inférieure – et l’un d’eux devint un fameux disciple de Bouddha – tout aussi bien que d’un philosophe d’éducation supérieure. Ce glaive tranchant déchire le voile de la nature. Il transperce tout ce qui, comme l’électricité ou le magnétisme, nous semble polarisé: la vie et la mort, l’amour et la haine, la joie et la douleur. Ces polarités participent du tréfonds de la nature à la nature. Par contre, le sage refuse de s’identifier au flux et reflux des grandes marées océaniques de la vie universelle, car son esprit a surmonté leur va-et-vient rythmique qui a perdu toute signification pour lui. Il suit le «chemin de Milieu» où tout est équilibre parfait. Parce qu’il ne s’attache plus à l’une ou l’autre des polarités de l’existence, parce qu’il ne désire rien, même pas être sans désir, il  entre dans un état de conscience qui transcende la nature: le Nirvana.

Bien des Occidentaux, et même un grand nombre d’Indiens ont été  et sont encore totalement incapable de comprendre le sens véritable du terme Nirvana. On peut l’interpréter, au moins dune façon symbolique, comme une «absence de véhicule». Il représente un état de subjectivité où la conscience s’est libérée de tout attachement au mode d’opération d’un «véhicule» doté d’un caractère particulier; et par véhicule, il faut entendre ici un système intellectuel, une organisation d’activités psychiques ou un organisme biologique.

       Dans cet état suprême, la conscience n’est plus soumise aux pressions de la nature, ni déterminée par la roue symbolique de l’activité cyclique de cette nature: vie-mort-renaissance. La conscience est dans un état d’équilibre constant comme au moyeu d’une roue, là où tout est au repos au centre de tout mouvement et de toute émotion.

Ce qui est composés doit toujours se désintégrer. Toute entité qui réalise sa nature dans une forme, un ensemble d’attributs et un nom particulier devra, un jour ou

    l’autre, perdre cette forme et ces attributs. Seul peut se soustraire à la décomposition de l’ensemble ce qui, parce que essentiellement simple et inconditionné, peut trouver en n’importe quoi un mode de manifestation. Qu’est donc «cela»? Le Bouddha refusa de répondre: il ne voulait apparemment pas discuter de problèmes métaphysiques car son enseignement était pratique et réaliste: un enseignement technique. Il disait simplement: «Abandonnez votre attachement à vos désirs et vous deviendrez «cela» qui est simple et au-delà de toute condition. Nirvana est un état; il ne peut être identifié à un être particulier, même transcendant ou divin, qui requiert l’adoration. C’est un état de conscience. Tout individu peut atteindre cet état, d’une manière pratique et sûre. Vous-même pouvez le faire; il vous faudra éradiquer courageusement de votre conscience et même inconscience, tout ce qui vous attache à n’importe quoi, tout ce qui est la cause profonde de vos souffrances et de votre anxiété. Il vous faudra l’audace qui peut seule conduire à la délivrance, et non seulement l’audace mais aussi la persévérance dans l’application des techniques de libération. Rien d’autre ne peut avoir de valeur et signification essentielles.

Ce message de détachement est nécessaire à ceux qui sont fondamentalement et profondément attachés à tout ce qui se rapporte à la croissance et la floraison d’organismes vivants issus de la matière. Un tel attachement aux processus et aux rythmes de la nature universelle constitue le caractère de base du type zodiacal Taureau. Cet attachement, si ce n’est identification, peut évidemment produire des fruits d’une grande beauté et des réponses exceptionnellement riches aux demandes de l’amour et de la nature humaine. Voilà pourquoi les valeurs qui caractérisent le Taureau sont des plus appréciés à notre époque où les comportements artificiels et le culte de la machine dominent la plupart des hommes. La nature du Taureau est un merveilleux chant d’attachement total à la vie; elle se soumet inconditionnellement à un maître d’une grande noblesse, d’une grande puissance. Cependant le Bouddha est venu pour nous faire comprendre que l’Esprit incarné dans l’être humain est encore plus puissant et plus merveilleux.

Cet esprit n’est l’esclave d’aucun maître, que ce soit la vie elle-même, l’amour ou quelque dieu suscité par l’éternel désir qu’a l’homme d’un Père éternel à qui faire endosser la responsabilité de guider et de libérer le monde entier. L’Esprit qui réside en tout être humain est essentiellement libre; il n’existe pour lui ni décomposition, ni souffrance.

Le flux et le reflux des cycles et existences cosmiques se poursuivent sans arrêt, au-delà de toute fin, à la périphérie de notre temps circulaire: toute chose retourne à sa source; tout commencement est déjà une mort déguisée. Pourtant, au cœur de toute expérience humaine, on peut trouver ce calme infini et cette paix qu’il nous est cependant plus facile de ressentir lorsque s’épuisent nos émotions, lorsque s’éteint la savoir qui nous avait fasciné.

Devenir consciemment ce calme et cette paix: voilà le seul «salut», la seule liberté. Efforçons-nous donc sans cesse et avec diligence d’atteindre cet état. Efforçons-nous en toute sérénité, sans hâte et même sans désir pour les fruits qui nous seront offerts. Efforçons-nous jusqu’à ce que cesse toute nécessité d’effort, jusqu’à ce que plus rien ne soit nécessaire, parce qu’il n’y a vraiment rien, rien du tout.

Dane Rudhyar – Tryptique astrologique – Editions du Rocher

 

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